Boris Vian

Rédigé en 1946, alors qu'il travaillait encore à l'AFNOR, Bors Vian publie son roman en 1947 aux Editions Gallimard. Bien qu'il aie été selectionné comme finaliste du préstigieux prix de la Pléiade, il ne connaîtra aucun succès de son vivan et ce n'est que des années après que l'on reconnaîtra le génie de cet homme aux multiples talents. L'écume des jours s'écrit donc dans un climat d'après-guerre, au rythme déjanté du jazz de Saint-Germain-des-Près. On retrouve en effet tout au long du texte de nombreuses références au jazz américain, dont Boris Vian était un fervent amateur. L'univers du livre est particulièrement poétique, et les thèmes principaux sont l'amour, la maladie, la mort. L'auteur s'amuse avec les mots, en utilisant tour à tour mot-valises, hapaxs, comparaisons et métaphores.

L'écume des jours 

Les personnages principaux sont Colin, son ami Chick (ingénieur mais très pauvre, contrairement aux ouvriers), fervent admiradeur d'un philosophe dénommé Jean-Sol Patre, ainsi que Nicolas, le cuisinier de Colin. L'intrigue débute par la rencontre de Chick avec une jeune fille prénommée Alise, parente de Nicolas. Colin, qui est jaloux, décide de rencontrer à son tour une jeune fille, et tombe amoureux de Chloé lors d'une fête. Ils se marient et prête d'ailleurs un peu d'argent à Chick pour qu'il épouse Alise, et dilapide tout le reste. Mais le bonheur de leur vie est éphémère et très vite, un terrible incident survient : Chloé tombe gravement malade, un nénuphar lui pousse dans le poumon. Afin qu'elle guérisse, Colin lui achète des fleurs, s'occupe tout au long de la journée de son épouse et finit par l'envoyer à la montagne pour la guérir définitivement. Lorsqu'elle revient, le nénuphar a disparu, mais elle n'a plus qu'un seul poumon pour respirer. Mais un autre nénuphar prend place dans le dernier poumon de Chloé et Colin doit trouver du travail car les finances de la maison sont maigres et il ne peut plus lui acheter des fleurs. La maladie de Chloé assombrit l'atmosphère de la maison, si joyeuse auparavant, et les murs ne cessent de rapetisser. Il reste toujours la petite souris grise à moustache noire, amie de Chloé, qui tente de nettoyer les carreaux pour pouvoir laisser entrer les rayons du soleil. Du côté de Chick, sa passion pour Jean-Sol Patre s'accroit de plus en plus, et il ne se rend pas compte de la douleur d'Alise, qui souffre de la trop grande place que prend le philosophe dans leur vie. Elle finit par tuer Jean-Sol Patre avec un arrache-coeur, et brûle les librairies vendant ses ouvrages, mais finit par périr dans les flammes. Pendant ce temps, dans leur appartement, Chick est tué par la police parce qu'il n'a pas payé ses impôts depuis plusieurs mois. Au grand désespoir de Colin, Chloé finit par succomber à sa maladie. Il est totalement ruiné, et ne peux payer le maximum pour l'enterrement de sa bien-aimée, les religieux assurent donc une sorte de service minimum, des plus irrespéctueux. Colin est si triste qu'il veut se laisser mourir de chagrin. La petite souris grise aux moustaches noires ne peut supporter de le voir dans un tel état et cheche à se faire croquer par un chat. 

L'écume des jours, mise en scène et adpatation Béatrice de La Boulaye, Théâtre Dejazet 2009

Colin et Chloé

L'écume des jours, mise en scène et adpatation Béatrice de La Boulaye, Théâtre Dejazet 2009

Le mythe de l'amour fauché se retrouve donc aussi dans ce roman emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Du début à la fin, l'amour entre Colin et Chloé reste véritable et absolu. Vu que très court, il n'a pas le temps de se faner et reste aussi fort si bien que Colin se laisse littéralement mourir, car ne voyant pas sa vie sans elle. Le mythe de l'amour fauché s'exprime ici par la maladie qui vient troubler l'ordre des choses et l'absurdité de la vie est exprimée par ce monde iréel. On constate aussi que  Colin veut tomber amoureux d'une jeune fille pour faire comme Chick, mais à la fin du roman, l'amour entre Chick et Alise est bien superficiel comparé à la relation qu'entretient Colin avec Chloé. De plus, tous les élèments de la maison sont affectés par la maladie de Chloé, comme si l'amour ne dépendant pas uniquement de deux êtres, mais de tout un univers. Des murs qui rétrécissent jusqu'à la petite souris grise aux moustaches noirs, tout est affecté par la disparition de Chloé, et la fin du roman est bien loin de la gaieté du début. Boris Vian exprime ici le mince équilibre sur lequel tient la vie, qui peut basculer à tout moment.   

La mise en scène de Béatrice de La Boulaye : 

Pour aller écouter le standard de Duke Ellington qui a inspiré le personnage de Chloé, cliquer ici

Plus d'informations sur Boris et Vian et son oeuvre sur le site de la Cohérie Boris Vian et sur le site de la Bnf qui lui consacre une exposition.