• 2) l'amour courtois

     

    2) l'amour courtois

    La Belle sans Merci - Franck Dicksee 

    L'amour courtois apparaît au Moyen-Âge sous le nom de « fin'amor » et désigne une inversion entre les rapports hommes/femmes. En effet, ces dernières deviennent souveraines de leurs amants et leurs font mener quête et exploit avant de leur accorder leur amour. Il s'agit d'une forme d'amour idéalisé où les femmes sont vénérées pour leur beauté, et les hommes pour leur bravoure et leur courage.

     On retrouve dans la tradition de l'amour courtois quelques idées principales :

    - Un amour associé à une maladie : l'amant devient malade d'amour, il ne dort plus, et ne vit plus que pour la femme aimée

    - Une relation toujours secrète : souvent soumis à de fortes pressions sociales, les amants ne peuvent révéler au grand jour le lien qui les unit

    - Le mariage, une alliance économique et politique : l'amour vrai et absolu ne se retrouve pas dans le mariage, les relations d'amour véritable sont d'ailleurs généralement adultères

    - La femme, un être supérieur : contrairement à sa position habituelle, où elle est généralement montrée comme dépendante de son mari, la femme possède dans l'amour courtois une position qui la rend supérieure et qui lui donne le pouvoir sur son époux. Il est également intéressant de constater que la position sociale de le femme est très souvent supérieure à celle de son amant, qui est généralement un vassal du seigneur, son mari.

    - L'amant doit être prêt à mourir pour sa bien-aimé : l'amant est souvent confronté à de nombreux obstacles dans son amour pour sa Dame, il peut s'agir de la jalousie du mari; ou encore d'un danger encouru par la Dame. A chaque fois, le chevalier doit être prêt à mourir pour l'élue de son cœur, elle le récompense alors d'un baiser ou d'une étreinte.

     

    2) l'amour courtois

    Enluminure du Codex Manesse, 1320, Bibliothèque d'Heidelberg

    Voici quelques exemples d'amour courtois, emprunté à la littérature dite Courtoise (genre crée au Moyen-Âge, mettant en scène des relations d'amour courtois), ainsi qu'à la Peinture, avec une célèbre représentation inconographique. 

  • Ecrit par Chrétien de Troyes au XIIe siècle après Jésus-Christ (environ 1170), Lancelot ou le Chevalier à la Charrette est l'un des premiers romans à être écrit en langue française, le latin étant davantage utilisé à l'époque, puisqu'il s'agit la langue officielle des traités et des conventions. 

    Chrétien de Troyes 

    Né vers 1130 et mort vers 1190 et probablement originaire de la ville de Troyes, Chrétien de Troyes est considéré comme l'un des premiers auteurs de romans de chevalerie. On sait très peu de choses sur lui, et sa vie, outre ce qu'il dit de lui même dans ses romans. Il affirme au début de Lancelot ou le Chevalier à la charrette avoir écrit sous "le commandement de Madame de Champagne", c'est-à-dire Marie de Champagne. De même dans le prologue de sa dernière oeuvre, le Conte du Graal, il dit être au service de Philippe d'Alsace, compte de Flandres ce qui a permit aux historiens de dater ses écrits très précisément. 


    Lancelot ou le Chevalier de la charrette 


    Lancelot ou le chevalier de la charrette


    L'intrigue repose sur Lancelot, jeune chevalier parti à la recherche de la reine Guenièvre enlevée par Méléagant. Il affronte alors une série d'épreuves pour parvenir à la sauver. Placées sous le signe du merveilleux, les prouesses chevaleresques sont élévées au même rang que la parfaite soumission amoureuse. Après avoir traversé un bon nombre d'épreuves, il réussit à sauver Guenièvre des griffes de Méléagant et à libérer les prisonniers de la cour arthurienne retenus par le tyran. Trois chevaliers intérviennent dans l'enlèvement de Guenièvre : le sénéchal Keu, Gauvain et un chevalier sans nom, qui s'avéra par la suite être Lancelot. Le titre doit son nom à l'épisode de la charette qui réduit Lancelot au pire des supplices pour un chevalier, puisque pour être conduit à Guenièvre, il doit monter dans la charrette, symbole d'infamie.

    La Charette patibulaire


    Lancelot ou le chevalier de la charrette


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    Cet épisode est le symbole du sacrifice de Lancelot pour celle qu'il aime. On y voit des valeurs d'humilité, de soumission et de don de soi qui caractériseront Lancelot tout au long du roman. En effet, il n'hésite pas à accepter la pire des humiliations pour l'amour de la Reine Guenièvre, et fait preuve d'une grande noblesse d'esprit. Cet épisode montre bien l'idéalisation que se fait Lancelot de l'amour, selon lui, ses sentiments pour Guenièvre sont plus forts que la honte, et il va même beaucoup plus loin avec un autre épisode très célèbre :  

    Le Pont de l'épée


    Lancelot ou le chevalier de la charrette


    Cliquer pour télécharger l'extrait.

    Ici encore, Lancelot fait preuve d'un grand sacrifice pour cet amour qu'il idéalise. En effet, il estime que les blessures physiques ne sont rien par rapport à ce qu'il ressent pour la reine, et veut la sauver au péril de sa vie. Il s'agit là aussi d'une noblesse d'esprit particulièrement incroyable. 

     

    Lancelot ou le chevalier de la charrette


    Il s'agit donc d'une parfaite illustration de cette forme d'amour propre au Moyen-Âge, très idéalisée, car présentée comme éternelle, mais répondant à des règles strictes, et étant bien entendu secrète. On constate d'ailleurs que jusqu'au bout Lancelot est partagé entre son amour des plus puissants pour la reine Guenièvre, et la fidélité et la loyauté qu'il doit au Roi Arthur. Certains interprétations vont jusqu'à affirmer que Lancelot et Guenièvre ont tous les deux provoqué la chute du monde Arthurien. 


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  • The Accolade

    Edmund Blair Leighton

     

    "The Accolade"

    Réalisée en 1901, cette huile sur toile d'Edmund Blair Leighton, un peintre britannique, s'intitule en anglais "The Accolade" (L'adoubement). Il s'agit d'un peintre anglais, né au milieu du XIXe siècle, fils de l'artiste Charles Blair Leighton, qu'il ne connut jamais. Ses ouvres sont très inspirées du Moyen-Âge, et "The Accolade" est sans dout la plus connue. Elle illustre parfaitement la définition de l'art courtois présentée plus haut. En effet, la femme est représentée comme nettement supérieure à son amant, tout d'abord de part sa position debout qui contraste avec celle assise du chevalier, mais également par la richesse de ses vêtements et des ses habits : on voit sur elle de nombreuses dorures et bijoux, elle porte une couronne ce qui donne une indication sur sa position sociale (sans doute l'épouse du roi), tandis que le jeune homme est vêtu de la tenue habituelle du chevalier, la côte de maille, ainsi qu'une tunique rouge sur laquelle sont représentées ses armes. De plus, il baisse la tête, en signe de soumission à sa dame. Le symbole de la dame qui adoube son chevalier est également très fort puisqu'au Moyen-Âge, l'adoubement était une cérémonie par laquelle un jeune homme se mettait au service du roi et lui jurait fidélité. Ici, le chevalier jure en fait fidélité à la dame qu'il aime. Enfin, on peut intérpréter le rouge des vêtements du chevalier, comme étant la couleur de la passion amoureuse.


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    Enluminure du Codex Manesse, Zurich, XIVe siècle

    L'amour courtois est donc une forme d'amour idéalisé, qui trouve son apogée au Moyen-Âge, relayée par la littérature courtoise dont le maître du genre est sans aucun doute Chrétien de Troyes. Appelé au départ "fin'amor", il répond à un certains nombres de règles plutôt srictes et place la femme dans une position supérieure à son amant. Elle représente au Moyen-Âge le summum de l'amour idéal et pur, bien qu'adultère. Cette représentation est en fait une interprétation du rapport entre seigneur et vassal, puisque la femme est souvent l'épouse du seigneur (Guenièvre) et son amant inférieur socialement puisque vassal (Lancelot). Mais selon Georgres Duby, spécialiste du Moyen-Âge, il ne faut pas forcément y voir une promotion de la femme, mais peut-être plus un jeu masculin. 

    Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site de la BnF pour lire un dossier sur le Roi Arthur et la matière de Bretagne, en cliquant ici.

     

    Tristan and Isolde - Edmund Blair Leighton


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