• 3) l'amour passionnel


    3) l'amour passionnel

    Le baiser de l'hôtel de ville, Robert Doisneau


    La passion est un Sentiment d'affection renforcé par la passion de l'amour envers une personne

     L'amour passionel, est par analogie déraisonnable, irrationnel. Il est détaillé patiemment dans les oeuvres classiques du XVIIème siècle. L'amour passionnel, celui qui fait rêver toutes les jeunes filles en mal d'amour et d'aventure. Le côté très puissant d'une relation fondée sur la passion peut paraître avantageux, il n'en est pas moins destructeur et souvent rudemment court.  L'amour passionnel est un amour qui est dans l'imaginaire collectif lié au coup de foudre, au fantasme et au désir avant tout physique. Les membres du couple passionnel sont dépassés par leur attirance mutuelle au-delà de toute raison. Considéré comme un amour d'une incroyable intensité, il est aussi en général de courte durée : le soufflé retombe. Malgré sa courte vie, l'amour passionnel bénéficie d'une très bonne image auprès de tous les amoureux. Il est souvent assimilé à un amour sans ennui, rythmé et plus intense malgré sa durée limitée.

     

  • René Barjavel 

     

     L'enchanteur de BarjavelRené Barjavel, écrivain du XXème siècle, fervent défenseur de ses idées politiques, est aussi un romancier de talent. Son oeuvre la plus connue reste sans doute La Nuit des Temps(1968), roman futuriste et histoire d'amour magique. La qualité de ses descriptions reste de renommée mondiale, et il reste un des précepteurs du concept de science-fiction en France.

    Le livre que nous avons choisi dans son Oeuvre pour illustrer la passion se nomme L'Enchanteur et a pour personnage principal le célèbre Merlin.

     

     L'Enchanteur

    L'enchanteur et Viviane

     Merlin, fils voulu du Diable, ne peut pas supporter l'idée de venir du Mal et consacre sa vie et ses pouvoirs au Bien. A la suite d'une réunion à la table ronde où siège le Roi Arthur afin de retrouver le Graal perdu, Merlin part en expédtion avec les soldats et le Roi. Bien des épreuves les attendent, mais une des plus dures sera définitevement  de surpasser l'amour physique, la passion dévorante. Aucun homme en est à l'abri, et même Merlin, pourtant combattant sans peur, devra surmonter cette épreuve que son père démoniaque lui a tendu.

     

     

    L'amour irrésistible et le calvaire de Merlin

    "Viviane avait dit : « les pouvoirs je m'en moque ! », mais ce n'était pas vrai. Elle s'en rendit compte très vite, dès que Merlin lui eût révélé quelques autres des possibilités qui dormaient en elle. Ce n'était pas qu'elle attachât beaucoup de prix à chacune. Faire apparaître sur elle des vêtements splendides et des bijoux somptueux, déplacer un arbre ou une maison, transformer une prairie en désert ou en fleuve, marcher sur l'eau, voler, faire d'un cheval une vache ou un tonneau, se déplacer instantanément d'un lieu à un autre, c'était autant de jeux, mais rien de plus. Ce qui était important, c'était le changement que cela apportait en elle. Disposant de plus en plus, de mieux en mieux, de la matière, de l'espace et du temps, elle s'élevait au-dessus de la condition humaine ordinaire, elle montait dans l'échelle des êtres. Il serait très dur de renoncer à cette ascension. Et elle n'était pas sûre d'en avoir le droit. Elle sentait vivre en elle encore une multitude de possibilités, qui se bousculaient pour qu'elle les connût et les utilisât. Elle voulait les savoir toutes ! Elle harcela Merlin à chaque minute de la semaine qu'il resta auprès d'elle. Il s'en allait le soir, il ne voulait pas passer la nuit avec elle dans son lit, comme elle le lui demanda : elle aurait été si heureuse de dormir dans ses bras... Sa jeunesse lui permettait de n'être pas encore tourmentée par l'interdiction qui leur était faite d'accomplir totalement leur amour. Malgré son corps épanoui, elle n'était pas tout à fait sortie de son enfance, et ne désirait rien de plus, pour l'instant, que l'immense bonheur de se blottir contre celui qu'elle aimait. Ou même simplement d'être près de lui, de l'écouter, de lui parler, de le regarder sans fin. Mais pour Merlin le lit de Viviane aurait été un brasier de supplice. Il avait pu, jusqu'alors, se garder de l'amour et du désir, grâce à sa connaissance instantanée et totale des êtres qu'il approchait. Si beau, si bon, si parfait soit un être humain homme ou femme, il cache toujours au fond de son cœur quelques grouillements de crapauds qu'il veut ignorer ou qu'il combat et maîtrise. Il finit par n'en plus tenir compte, il les tient enfermés cadenassés domptés, mais ils sont là. Quand Merlin se sentait attiré par une femme, il lui suffisait de chercher et il les découvrait. Aussitôt, glacé, il retrouvait sa distance. Cette connaissance des êtres humains, de leurs faiblesses secrètes, des infirmités qu'ils cachaient ou ignoraient, inspirait à Merlin une compassion infinie et était à la base de son dévouement à leur cause. Il n'y avait rien de tel en Viviane. Elle était comme la source dans laquelle il l'avait vue pour la première fois. Elle était l'eau limpide de la terre, la pluie neuve du ciel, la feuille transparente sortant du bourgeon, les yeux des étoiles. Elle ne lui fournissait aucune arme pour se défendre contre elle et il en était arrivé au point où il ne le voulait plus. Il lui révéla beaucoup d'elle-même. C'était sans fin. Elle était comme un trésor dont on a percé la voûte, et on en tire à pleines mains les diamants, les perles, les lourds colliers, les écus d'or. C'était inépuisable. Il savait qu'il n'en viendrait pas à bout. Elle était riche comme la nature elle-même. Il savait qu'elle n'utiliserait jamais ses pouvoirs pour faire le mal. Elle rayonnait. Et le mal vient de l'obscur. Les mauvais sont mauvais parce qu'ils sont stupides, gris, sans lumière. Mais il ne lui donna pas la clé universelle, le mot de trois lettres qui est au commencement de chaque chose, le premier Verbe qui servit à la Création, et qui lui aurait permis de faire dès maintenant tout ce qu'elle aurait voulu. Il fallait qu'elle apprît à se connaître peu à peu, en restant plus forte que ses propres forces. Elle était comme un poulain qui vient de naître. Elle devait apprendre à se tenir sur ses jambes avant de se mettre à gambader et à sauter par-dessus les haies.
    Et peut-être, aussi, malgré sa confiance et son amour, voulait-il garder une dernière défense contre elle. Et contre lui.

    - Merlin, Merlin, quand viendras-tu pour ne plus repartir et me donner ce que j'attends et prendre ce que je veux te donner ? Puis-je espérer que ce moment viendra, ou allons-nous rester séparés jusqu'à la fin du monde ?

    - Celui qui vient de te quitter mettra fin à notre solitude en levant le voile du Graal. Viviane, mon aimée, ma désirée, mon printemps intouchable, tu sais bien que ma faim est aussi grande que la tienne...

    - Toi qui joues comme tu veux avec le temps, ne peux-tu mettre fin plus vite à notre tourment ?

    - Il est des morceaux de temps sur lesquels je ne peux rien. Ni Dieu non plus. Il lui a fallu sept jours pour créer le monde..."

     

    La Passion contre la Raison

    Merlin tout au long du livre est tiraillé par d'une part son envie dévorante pour Viviane et d'autre part par son allégeance au Bien et à la quête où il doit amener les preux chevaliers. La flamme le consumme de l'intérieur, comme une étincelle qui ne cesse de se raviver à chaque fois qu'il tente de l'étouffer.

    La représentation de la passion ici passe par le biais d'un univers fantastique, laissant libre choix à l'auteur d'augmenter les émotions à l'infini sans que cela puisse paraitre surhumain. Nous avons choisi ce livre pour sa description très intime de la passion d'un homme, qui se croyait à l'abri de la faiblesse humaine mais qui y est en quelques sorte beaucoup plus vulnérable de par le décuplement des passions mais aussi la résistance qu'il y oppose. C'est un fait connu, la passion s'agrandit lorsqu'elle connait le refus.


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